Les origines

Point d’orgue de la Cité-Jardin

La période de reconstruction de Reims fut l’occasion pour la société de construction immobilière “le FOYER REMOIS“, créée en 1912, de réaliser, dés la fin de la première Guerre Mondiale, l’implantation de la Cité-jardin du Chemin-Vert.

A l’origine du projet, Georges CHARBONNEAUX fils et frère d’industriels de la verrerie, lui-même industriel dans la distillerie, dont l’ambition était de fournir un logement décent et à loyer modéré pour les familles nombreuses. Il trouve son modèle en Angleterre (Bournville).

Dés 1918, la Cité-jardin du Chemin-Vert devient une vaste opération de reconstruction inscrite dans le plan de Georges FORD et, grâce au rachat des dommages de guerre consentis aux propriétaires sinistrés, le projet qui avait été pensé avant 1914 prend une ampleur inespérée ; plus de 600 maisons pourront être ainsi construites. La cité-jardin est basée sur un habitat individuel avec jardin regroupant des services collectifs : une maison commune, une maison de l’Enfance dont la vocation était la prévention des maladies infantiles et l’encouragement de la natalité, une crèche avec garderie et jardin d’enfants, une école, des patronages et une église.

Famille devant sa maison

L’architecte de l’ensemble, Jean-Marcel AUBURTIN, s’inspire pour la construction des maisons, de l’architecture alsacienne au toit en croupe ; il les organise en bandes de six, huit, dix logements de superficie variable de 36 à 65 m2. Sa philosophie relève de la trilogie hygiéniste: air, lumière, soleil dans un environnement valorisant tant pour les maisons que pour les bâtiments communs, avec une attention toute particulière pour la réalisation de l’église.

Jean-Marcel Auburtin est né à Paris en 1872 et mort à Paris en 1926. Son père, Alexandre Emile Auburtin, est architecte de la ville de Paris (1838-1899).

Il est l'auteur de quelques œuvres architecturales majeures, mais c'est surtout en tant qu'urbaniste qu'il marque son époque. Elève de Jean-Louis Pascal, il est diplômé de l'Ecole des beaux-arts en 1896, et réalise notamment le palais des Armées de terre et de mer à l'Exposition universelle de 1900 (avec Gustave Umbdenstock).

On lui doit encore une école de filles, rue Pontoise, Paris 5e (1910-1911); un hôtel particulier avec atelier d'artiste au hameau Boileau, Paris 16e; le restaurant Tabarin ; l'agrandissement de l'Ecole alsacienne, Paris 6e (qu'il avait fréquentée); l'hôtel du Mont-d'Arbois à Megève (1921); l'immeuble Pleyel, Paris 8e (1930, terminé par ses collaborateurs André Granet et Jean-Baptiste Mathon après sa mort).

Il participe à la reconstruction des régions dévastées et publie deux ouvrages en 1915 et 1917. Entre 1919 et 1924, il réalise, avec Emile Dufay-Lamy, et pour Le Foyer rémois (fondé en 1912 par l'industriel Georges Charbonneaux), la cité-jardin du Chemin-Vert à Reims. Cette cité, de style régionaliste, est une contribution majeure à la réflexion sur ce mode d'urbanisation en France. Elle compte 617 logements locatifs organisés en immeubles et en maisons groupées en bandes, jumelées ou isolées, soit au total 371 bâtiments. J.M. Auburtin y conçoit aussi l'église Saint-Nicaise, édifiée à partir de 1923. A Reims, Auburtin tient également un rôle important dans la mise au point du plan de reconstruction de la ville ou dans la rédaction du règlement des abords de la cathédrale.

En collaboration avec Raoul Dautry, Il est également l'auteur en 1924, d'un projet de "cité nouvelle" à La Courneuve.

Membre de la SADG dès 1896, il en est vice-président de 1923 à 1925. Membre de la Section d'hygiène urbaine et rurale créée au sein du Musée social fin 1907, il est aussi membre fondateur de la Société française des urbanistes et en sera également président ; Il est également architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux.

Sources: Delaire, "Les architectes élèves de l'EBA"; Rigaud (Olivier) et Bedarida (Marc), "Reims Reconstruction 1920-1930". Ville de Reims, 1988; Midant (Jean-Paul). "Marcel Auburtin", Dictionnaire d'architecture du Xxe siècle, Paris: Ifa, Hazan, 1996.


Georges CHARBONNEAUX


Maison de la Cité-Jardin


Saint-Nicaise au cœur de la cité


Saint-Nicaise aujourd’hui

Parachèvement de la cité-jardin, l’église fut bâtie de février 1923 à juin 1924 grâce à la générosité de 250 donateurs ayant répondu à une souscription ouverte auprès des notables de Reims, du soutien financier des artistes à l’œuvre philanthropique mais, pour la plus grande part, grâce aux moyens financiers de Georges CHARBONNEAUX.

Située dans l’axe d’entrée de la cité-jardin, l’église semble reliée spirituellement à la cathédrale Notre-Dame que l’on découvre dans le prolongement de cette voie. Elle incarne les valeurs du catholicisme social de son fondateur.

Georges CHARBONNEAUX va s’appuyer sur un fait, la séparation de l’église et de l’état depuis 1905, qui encourage l’idée d’édifier de nouvelles églises, lui donnant ainsi toute liberté pour créer une architecture et une décoration selon sa propre vision.

Son goût particulier pour les arts, son implication profonde dans la vie culturelle rémoise, ses amitiés locales avec Paul JAMOT mais aussi parisiennes à travers une communauté fondée en 1909 par Paul REGNAULT réunissant autour du lien catholique d’anciens élèves des Beaux- Arts, vont permettre à Georges CHARBONNEAUX de trouver réponses à sa volonté créatrice dans une période ou explosent les idées nouvelles.

Ces artistes parisiens catholiques de la communauté de Saint Jean évoluent dans l’esprit des anciens ateliers médiévaux constitués de différentes corporations d’artistes pratiquant la peinture, la sculpture, le vitrail et la décoration. L’église voulue par Georges CHARBONNEAUX présente une architecture extérieure simple, édifice de béton armé recouvert d’un enduit de ciment, en forme de croix grecque lui procurant un aspect compact et solide évoquant les plans de construction des églises romano-byzantine et dont l’inspiration peut être retrouvée à l’église d’OTTMARSHEIM en Alsace. Une croisée de transept couronnée par une tour-lanterne octogonale et un campanile surmonté d’un coq girouette, un plan constitué de deux chapelles latérales avec une abside centrale, un baptistère, un intérieur entièrement décoré, enrichie par le style symboliste et art décoratif, font de cet ensemble une création unique par son homogénéité, marquant l’histoire religieuse du XXème siècle en France.

L‘église Saint-Nicaise fut inaugurée le 8 juin 1924 par Monseigneur LUCON et consacrée par Monseigneur SUHARD en 1934 ( tous deux archevêques de Reims).

Cet édifice, classé monument historique le 13 Février 2002, est la propriété du FOYER REMOIS.


La tour-lanterne et le campanile


Le portail


Les verrières

©2016 Association “Les Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert“ | comedia-studio
Traduction de la version anglaise Denis Mac Kee